De l’imagination ; mais on sent un parti pris de se singulariser.
colette
Elle m’est restée dans la mémoire, cette note écrite à l’encre rouge en marge d’une composition française. J’avais onze, douze ans. En trente lignes, je déclarais n’être point d’accord avec ceux qui nommaient l’automne un déclin, et je l’appelais, moi, un commencement. Sans doute je fis mal entendre ma pensée, qui n’a point changé, et je voulais dire que le vaste automne, insidieusement couvé, issu des longs jours de juin, je le percevais par des signes subtils, à l’aide surtout du plus sauvage de mes sens, qui est l’olfactif. Mais une enfant de douze ans dispose rarement d’un vocabulaire qui soit digne de traduire ce qu’elle pense et ressent. Pour n’avoir pas choisi le printemps diapré et ses nids, je n’eus qu’une note médiocre.
Quoi de mieux qu’un texte de Colette pour ouvrir ce site ? Car tout y est. Sensualité, originalité, présence sauvage de la nature et difficulté – parfois – à l’exprimer.
Ceux que d’aucun appelaient déclin et j’« appelais, moi, un commencement », dit-elle. Tout est dit. Le faire et le défaire. La fin et le recommencement. Le cercle de la vie.
Parce que passée l’équinoxe d’automne, ce moment où la nuit et le jour sont exactement égaux, vient la nuit, le sommeil, le temps de reconstitution. Les arbres perdent leurs feuilles, certaines espèces animales migrent, d’autres se préparent à hiberner, tout ralentit naturellement.
Pourquoi ne pas faire de même ? Après l’été et ses échanges, sa vie en extérieur, il peut être doux de se retrouver chez soi, de se pelotonner sur son canapé, sous un plaid, une tasse chaude à la main. Allumer des bougies. Apprécier la pénombre. Redécouvrir les odeurs plus épicées et les tissus plus lourds.
Et rêver.

L’automne est un deuxième printemps où chaque feuille est une fleur
Albert Camus