A quoi pensez-vous lorsque vous entendez le mot « caresse » ? Prenez quelques instants et laissez venir les mots. Certains évoqueront l’animal, d’autres la douceur, d’autres la tendresse ou la douceur. Mais poursuivez plus avant votre réflexion : pourquoi caresse-t-on ?
A priori pour « faire du bien ». Mais à qui ? Au sujet ou à l’objet ? Caresse-t-on pour faire du bien à celui (ou celle) qu’on caresse ou pour se faire du bien ?
La question mérite d’être posée. Car la caresse n’existe pas sans l’envie de caresse préalable. Qui n’a pas caressé machinalement son animal domestique et s’est aperçu qu’il en ressortait apaisé ? Qui n’a pas tendu la main vers une surface douce et veloutée « pour toucher » et se sentir apaisé ?

Là est le pouvoir de la caresse.
La caresse consiste à ne se saisir de rien, à solliciter ce qui s’échappe sans cesse de sa forme vers un avenir… ce qui se dérobe comme s’il n’était pas encore.
Emmanuel Levinas.
Caresser, c’est lâcher la puissance créatrice de ma main. Ne se saisir de rien. Il s’agit de laisser venir et non d’attraper. Si la caresse devient pression ou, pire, tentative d’accrochage, elle devient douloureuse. et l’on s’en échappe, humain comme animal.
Caresser suppose l’accord des deux parties : je te caresse et te fais du bien, mais toi, tu me laisses te caresser car tu me fais confiance. De part et d’autre, elle demande de l’abandon. Car la caresse désarme.
Et c’est sans doute une des plus jolies leçons de vie que puisse nous donner la caresse : pratiquer le « laisser-venir » plutôt que le lâcher-prise dont on nous rebat les oreilles sans nous donner toujours le mode d’emploi.
Je ne cherche pas à former ce qui n’a pas de forme, je le laisse aller. Et venir. Et revenir.
J’encourage.
J’accueille sans jugement ce qui revient vers moi. Ou pas.
Et je l’accepte. Parfois étonné du résultat. Parfois déçu. Mais ça, c’est la vie.